mémoire de diplôme : Trace / Cliché

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Ma pratique de créateur d'objets n'a jamais cherché à être sectorielle. Elle a, au contraire, toujours gravité autour d'une recherche constante d'application de concepts à plusieurs domaines ; ceci, lors de mes études en design de vêtements à Milan, tandis que j'ai travaillé à la production de petits accessoires et bijoux chez Fendi à Rome, ou encore lorsque je me suis trouvé impliqué dans la conception de produits de maroquinerie chez Louis Vuitton à Paris. C'est la rencontre entre la nature nettement commerciale des univers auxquels j'ai été amené à appliquer mes idées, et mon positionnement personnel quant aux pratiques du capitalisme contemporain, qui m'a poussé vers les questionne- ments que je développe dans cet écrit.

Je dois pourtant préciser que je ne suis pas opposé à l'idée que la création d'un bien ou d'un objet par le design ne vise jamais qu'une divulgation d'idées ou une résolution fonctionnelle de problèmes ; pareillement, il me paraît naturel que la concrétisation d'un produit soit considérée comme tout à fait réussie quand il est partagé par le plus grande nombre d'acteurs possible. Je ne me retrouve donc nullement contrarié par l'idée qu'une large diffusion soit à souhaiter pour chaque objet, seulement par l'optique d'un « vendre pour vendre » que met en oeuvre un certain marketing contemporain. De la réalité du système capitaliste dont mon travail faisait partie, j'ai en effet pu observer les techniques de vente auto-référentielle et auto-suffisante autant que leurs conséquences grotesques. L'objectif de ce mémoire est de mettre en question la réalité de ces opérations, afin d'explorer pour le design un autre horizon que j'estime souhaitable : la pos- sibilité d'une déconstruction partielle de l'ego dans la conception et consommation d'un bien.