Tiers paysage, photo et projet Gilles Clément

mémoire de diplôme : Le design peut-il contribuer à transformer le rapport au vivant ?

Par
Direction : Apolline Le GALL

Le biomimétisme et le rapport au vivant qu’il entretient m’amène à questionner la manière dont les humains considèrent le vivant. Dans un contexte d’urgence climatique, écologique et sociale, je fais l’hypothèse que le design, de manière paradoxale au regard de son histoire industrielle, peut participer à cette remise en question et créer de nouvelles relations au vivant. Pour vérifier cette hypothèse, j’ai interrogé une dizaine de designers dont les projets intègrent des vivants non-humains.

 

"S’inspirer de la nature est une idée ancienne. Le biomimétisme tel que popularisé par Janine Benyus dans les années 1990 pose un cadre opérationnel sur cette inspiration. Le biomimétisme est ainsi « une science qui étudie les modèles de la nature, puis imite ou s’inspire de ces idées et procédés pour résoudre des problèmes humains ». (Benyus J., 2017). Dans un contexte de dissonance cognitive globale où les modes de production et de consommation humains sont en contradiction complète avec l’urgence sociale, climatique, et écologique observée tous les jours, le biomimétisme apparait comme une solution rêvée. Après une douzaine d’années d’expérience dans le domaine du conseil en aménagement d’espaces de travail, je me suis trouvée incapable d’aligner ma pratique avec mes convictions écologiques. J’ai pensé trouver dans le master Nature-Inspired Design de l’Ensci une piste de réponse, un moyen d’articuler la créativité du design et les exigences écologiques. Le biomimétisme se définit en effet comme une méthode d’innovation responsable. Le Ceebios – le centre d’études et d’expertises dédié au déploiement du biomimétisme en France – souligne sur son site que le biomimétisme rend « possible de réconcilier les activités industrielles et le développement économique avec la préservation de l’environnement, des ressources et de la biodiversité ». Le biomimétisme s’applique à des domaines variés (technologie (matériaux, formes, procédés), urbanisme, management…) et est utilisé par de nombreuses entreprises – de la cosmétique (Johnson & Johnson, L’Oréal, Nuxe) à la construction et l’immobilier (Eiffage, ELAN, Icade), de la défense (Naval Group) au spatial (CNES). Mais considérer les 3,8 milliards d’années d’évolution de la vie sur Terre comme 3,8 milliards d’années de R&D au service de l’humain – expression fétiche d’introduction au biomimétisme - pose question sur le rapport au vivant entretenu par le biomimétisme. Comment identifier une « bonne » solution biomimétique : par la qualité d’innovation, le bénéfice apporté aux humains ou l’impact sur le vivant ?"

 

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