Nous faisons l'expérience quotidienne des représentations de l'espace et du temps avec les cartes, montres, ou calendriers. En outre, des pratiques professionnelles s'appuient sur des plannings, des schémas, qui sont des documents formalisant les informations selon leurs aspects spatial et temporel. Ces représentations retranscrivent des concepts de l'espace et du temps que nous tenons pour acquis et qui d'ailleurs sont enseignés dès notre plus jeune âge : uniformité, dimensionnalité, ordonnancement des lieux et moments, etc. Tous ces concepts constituent un langage commun qui permet d'agir collectivement sur le monde.

Or, dans sa cartographie des tendances 2017-2018 [6], le pôle de compétitivité et de transformation numérique Cap Digital identifie quatre macro-tendances dans l'innovation, dont la première s'intitule « L'espace et le temps : le rêve de l'ubiquité à portée de clic ». Il est clair que certains enjeux liés aux technologies numériques et évolutions sociales affectent directement les représentations spatiales et temporelles, en questionnant leur pertinence ou en enrichissant leur contenu. C'est le cas de l'hyper-connectivité et de la mobilité qui modifient les déplacements dans les environnements réels et virtuels, ou de la révolution informationnelle qui pose de nouvelles exigences en termes de disponibilité et traitement de l'information. Cependant, on peut se demander de quoi retournent exactement les tendances observées par Cap Digital, et en particulier si elles ne révèlent pas d'autres moteurs sous-jacents que la « révolution numérique ». Afin d'y répondre, il sera utile de clarifier ce que signifie et ce qu'impliquent la perception de l'espace et du temps et la communication autour de ceux-ci, via des représentations, dans une société. On constatera alors l'omniprésence et la puissance de la standardisation des représentations, qui est parfois en porte-à-faux avec la variété des contextes d'usages.

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Les apports de ce mémoire ne résident pas seulement dans les concepts proposés, mais aussi dans la démarche méthodologique qui y sera élaborée et appliquée. D'une part, en faisant la synthèse d'apports variés et multi-disciplinaires, je pourrai établir des grilles de lecture des finalités d'usages et des axes d'innovation. Il me semble que ces grilles de lecture pourraient être généralisées à d'autres objets de représentation que l'espace et le temps. D'autre part, la démarche adoptée est probablement l'une des premières à utiliser, pour le cas des représentations, le cadre théorique de l'innovation radicale de sens de Roberto Verganti.