Designer d’œuvres contemporaines, passé par l’école Boulle et l’ENSCI, après un diplôme d’ingénieur, Gabriel Charbit observe les mondes qui l’entourent. Des formes se dégagent de ses observations et suscitent en lui une curiosité renouvelée.
Il cherche à décontextualiser une œuvre en la transposant dans une autre. Les paysages, les cultures et les mœurs, les caractères des hommes et leurs comportements, les jeux le fascinent.
Son exposition « Skyline » propose une promenade dans Manhattan ; là où les meubles sont immeubles. Les gratte-ciel de New York sont à l’horizon de son inspiration, en avant-plan on retrouvera les matières et les fonctions qu’il a choisies, réalisant en bois ou en métal, une gamme de mobilier : chaise, table, bureau, console, appliques, porte-manteau…
Il nous parle de son exposition:
"L’esprit quelque peu préoccupé par mon avenir, j’ai dessiné mon premier meuble-immeuble dans ma chambre à Buenos Aires en fin d'année 2016.
C’était un dessin très simple, deux tours de tailles différentes collées l’une à l’autre. Un homme était assis sur la petite, adossé commodément contre la grande. Cette chaise m’a beaucoup amusé et j’esquissais d'autres variations autour d’architectures spécifiques à différentes cultures. Je les avais appelées “Sillas del mundo”, chaises du monde.
J'ai parcouru les images fragmentaires de mes voyages passés. J'ai tenté de capter les détails d’édifices qui m’avaient marqué. Le film s’est arrêté sur la ville de New York. Autour de moi s’élevait le skyline, la première version de la chaise Manhattan est sortie sur le papier.
Ces gratte-ciel vertigineux m’ont fasciné au point de prendre la décision la plus excitante de ma vie, sauter. Il me restait 6 mois dans mon parcours d’ingénieur, l’année suivante je débutais une formation en ébénisterie à l'école Boulle pour apprendre le travail du bois.
J’ai réalisé un premier prototype de la chaise, en sapin, puis un second plus abouti, en hêtre. Je me suis alors penché sur le mouvement des tasseaux harmonisant l’horizon du vide et du plein. Je suis persuadé que de nouvelles formes se cachent dans les contre-formes et je passe mes journées à observer le négatif des choses de façon très positive.
La conception de cette première ligne a pris un tournant vers la permutabilité et la pièce multi-usages. Un peu comme moi.
#design #exposition
Après avoir terminé un master en Création et technologie Contemporaine à l'ENSCI, j’ai travaillé dans une agence d’architecture, dans un atelier de moulage, puis pour une maison d’édition de meubles. C’est là que mon projet s’est précisé. C'était décidé, j’allais créer ma maison d’édition.
Sur un coup de tête, je suis parti vivre une nouvelle vie à New York City où j'occupe le poste de designer et responsable de la production d'une maison de design italienne. Dans la ville, je vois les gratte-ciels sous un autre angle, je suis captivé par leur immensité. Je regarde en l’air, tente de toucher des yeux le haut des tours aux 100 étages. Je me heurte aux autres touristes qui font pareil. C’est le comble du téléphone inversé.
Mais New York n’est pas seulement connu pour son architecture. New York, c’est la ville du jazz. Fanatique du bop, je me régale au milieu de ce festival incessant. L’évolution de ma gamme Manhattan est liée à cette nature louvoyante du be-bop.
Finalement, je n’ai pas tenté de reproduire la skyline de Manhattan, j’ai créé d’autres skylines et j’aimerais vous voir en composer à votre tour.
Il est temps pour moi d’explorer de nouvelles contre-formes."
